Une page témoignage

Témoignage

Aperçus, à la gare, les titres de la presse (“La loi de la violence” etc.) accompagnés de photos d'activistes rouges et noirs me donnent envie de dire ce que j'ai vu.
1/ Il est très facile de faire les photos dramatiques que l'on retrouve en Unes même lorsqu'il ne se passe rien.
2/ 99% du cortège était "bon enfant" mais autour de la cinquantaine d'autonomes, on trouvait le double de photographes et le triple de policiers, tout étant en place pour produire les images attendues.
3/ Dès le départ du cortège, les BAC ont suivi une stratégie de tension très palpable de type accordéon (présence oppressante, disparition, présence, disparition, etc.).
4/ J'ai vu un homme en civil sortir d'une camionnette de la police portant un casque de mobylette avec un autocollant NPA, se faire coller un autocollant CNT sur le ventre par un collègue et disparaître dans le cortège.
5/ Alors que je cherchais un endroit quelques centaines de mètres avant le cortège pour photographier, j'ai vu un homme en civil avec une longue barre de fer se tenir quelques pas derrière les cordons de la BAC. J'ai commencé à prendre des photos et pendant quelques minutes il s'est positionné derrière moi en calquant son déplacement sur le mien. Puis quand le cortège est arrivé et que les BAC ont mis la pression, il s'est agité entre les forces de l'ordre et les manifestants en brandissant sa barre et en criant des menaces contre les flics.
6/ Les incidents à Austerlitz ont fait suite à la tentative de nassage des autonomes sur le pont par les BAC qui ont gazé abondamment y compris des badauds.
7/ Les premières charges à Nation ont eu lieu parce que les autonomes bombaient à la peinture les caméras de surveillance.
8/ Pas mal de slogans et pancartes sur les violences policières. Le passif est lourd. Les prises de paroles lycéennes et étudiantes à ‪#‎NuitDebout‬ plus tard témoignaient aussi des nombreuses violences policières depuis le début du mouvement.

- je me trouvais sur le pont d'Austerlitz au moment du nassage et je me suis pris dans la figure les gaz lacrymogènes ( je n'ai d'ailleurs rien compris, sauf le malaise, l'impossibilité d'échapper). Les seules "munitions" qu'avaient les jeunes tout autour, c'était des ampoules de sérum physiologique, qu'ils offraient très gentiment à tous. Cette analyse rend très exactement compte de ce que j'ai vu et vécu.

- après, on échange nos témoignages, avec des amis. Selon l'endroit où on était, on voyait où pas tel ou tel aspect. J'étais en avant, sur le pont, ça chauffait en arrière et je ne comprenais rien. Mon amie se trouvait devant la gare Austerlizt au moment où ça a dérivé vers la violence organisée. Il y a eu une infiltration du groupe de tête ( les jeunes, voire très jeunes) par un groupe compact cagoulé, décidé à en découdre, qui a installé des fumigènes, qui a descellé des pavés avec des barres de fer, et qui a commencé à attaquer brutalement avec des pavés, lancés contre les CRS.

Samedi 23 avril 2016

"Je rentre de Nuit Debout Auch , et j'avais envie de dire un petit mot concernant ma première expérience de nuit debout, si peut être comme moi, certains hésite.. En effet avant d'y aller, petite hésitation pour diverses raisons et finalement j'arrive sur la place de la cathédrale, des groupes étaient en action pour monter la sono les tentes etc.. sans trop savoir quoi faire j'ai d'abord été observatrice. Puis le débat commence, des présentations sur la première nuit debout et pourquoi on est là, c'est quoi nuit debout etc.. Ambiance pluvieuse mais attentive puis quand c'est rébarbatif avec un simple geste de la main la parole est au suivant.. Ce débat à durer une vingtaine de minutes je dirais. Puis place aux commissions, des groupes de réflexions se construisent pour débattre sur des thèmes différents, petit moment de flottement pour ma part et finalement je me suis retrouver dans "travail/non travail" sans grandes ambitions.
Bref, ici on fait pas de la politique, on a parler entre nous citoyens, de l'importance du travail dans nos vies, quelle est la différence entre Travail,Emploi et Activité..à quel degrés doit on consacrer notre vie à notre travail... Pas de réponse vraiment juste un débat hyper intéressant entre expérience, point de vue etc.. puis l'intervention de cette petite fille (8/9ans..??) "nous à l'école on nous met déjà en compétition avec les notes, puis on nous apprends à obéir au doigt et l'oeil, on nous laisse pas la parole dans un débat on nous colle devant la télé parce qu'on est des enfants..."
Cette petite nous à tous un peu cloués.. C'était chouette de pouvoir étaler ces idées dans l'écoute, l'échange, le partage.. Puis après une soupe chaude à prix libre nous attendait avant de tous se ré-assembler pour conclure sur chaque commission.. J'ai pu partir quand j'en avait envie sans me sentir lâcher le mouvement.. Ce mouvement est en marche, lors de ces discussions/débat, nous refaisons NOTRE monde, et rien que pour ça, ça vaut le coup d'en faire partie."